« L’actionnariat salarié renforce la motivation des salariés et leur adhésion au projet d’entreprise »
Pourquoi ouvrir son capital aux salariés ? Pour Azulis Capital, le partage de la valeur est une des clés de la performance économique et sociale d’une entreprise et un des piliers d’une politique RSE réussie. Explications avec Nicolas Cosson et Bruno Lavollé, Directeurs Associés.
Quelles sont les convictions d’Azulis Capital sur l’actionnariat salarié ? Quel rôle peuvent jouer les acteurs du private equity dans sa promotion et sa mise en place ?
Nicolas Cosson. Nous avons la conviction chez Azulis Capital que l’actionnariat salarié renforce la motivation des salariés et leur adhésion au projet d’entreprise. Il s’inscrit parfaitement dans le cadre de la démarche RSE que nous menons depuis des années, consistant, entre autres objectifs, à partager les fruits de la croissance. Les mêmes questions reviennent à chaque nouvelle opération : à combien de personnes ouvrir l’actionnariat salarié ? Quel montant individuel d’investissement proposer ? Jusqu’à quelle hauteur bonifier l’investissement ? Comment gérer ces investissements individuels en limitant les coûts administratifs et juridiques – ces coûts étant parfois élevés au regard des montants investis – ?
Bruno Lavollé. Nous pensons également que les acteurs du capital investissement peuvent avoir un effet d’entraînement très bénéfique sur cette pratique, d’autant que de plus en plus d’entreprises y font appel.
Quels sont ses principaux avantages que vous mettez en avant auprès des entreprises que vous accompagnez ? Quel rôle joue, selon vous, l’actionnariat salarié dans l’amélioration de la performance d’une entreprise ?
B.L. : L’actionnariat salarié permet tout d’abord de développer un fort sentiment d’appartenance, à un groupe, à une aventure commune, humaine, économique et capitalistique. Les salariés, devenus en partie propriétaires de leur entreprise, sont plus motivés mais aussi plus exigeants sur son développement. L’actionnariat salarié a également pour objectif de fidéliser les salariés qui constituent une des principales richesses de l’entreprise.
N.C. : C’est aussi un moyen pour le salarié de compléter ses revenus à moyen terme en ayant accès à une partie de la plus-value actionnariale, d’autant plus qu’il bénéficie souvent d’un dispositif d’intéressement spécifique qui lui permet de profiter d’un effet multiplicateur par rapport à la performance des fonds d’investissement. Cela peut malheureusement poser un problème lorsque les performances financières de l’entreprise ne sont pas au rendez-vous. Il faut ainsi éviter que les salariés non-dirigeants ne prennent trop de risque financier en achetant des actions.
Constatez-vous une évolution de l’intérêt des dirigeants que vous accompagnez pour cette forme d’actionnariat ?
N.C. : Les dirigeants sont plus ouverts que par le passé à l’idée de proposer aux salariés d’investir au capital de leur entreprise. Leur prudence, lorsqu’elle s’exprime, est liée au fait que les mécanismes financiers de la création de valeur actionnariale ne sont pas nécessairement compris par tous les salariés et qu’il y a une prise de risque spécifique liée à la détention d’actions.
B.L. : La mise en place d’un actionnariat salarié nécessite par ailleurs une transparence sur les résultats de l’entreprise et une pédagogie financière qui ne font pas partie de la culture de toutes les entreprises.
Avez-vous noté un intérêt particulier de certains secteurs ou de certaines typologies d’entreprises ?
B.L. : Nous n’avons pas noté de différence sectorielle en termes d’approche. En ce qui concerne les entreprises familiales, nous avons souvent rencontré des dirigeants qui regrettaient de ne pas avoir ouvert leur capital auparavant et souhaitaient le faire à l’occasion de l’entrée d’un fonds d’investissement.
N.C. : On peut également noter que les salariés cadres sont souvent plus intéressés par les dispositifs de l’actionnariat salarié qui leur sont proposés que les salariés non-cadres. C’est alors à nous de faire preuve de pédagogie et d’adapter les dispositifs pour les rendre encore plus motivants.
Parmi les différentes formes d’actionnariat salarié lesquelles conseillez-vous aux entreprises que vous accompagnez, en fonction de leur situation ?
N.C. : Jusqu’ici, nous avons le plus souvent utilisé un cocktail d’instruments mélangeant des actions ordinaires, des actions gratuites et des ADP rétrocédantes. L’investissement des salariés est réalisé soit en direct lorsqu’ils ne sont pas trop nombreux, soit via des « Manco ».
B.L. : Jusqu’alors, compte tenu de la taille des entreprises que nous accompagnons, nous privilégions des dispositifs de souscriptions directes au capital. Cela étant, nous allons regarder avec intérêt les nouvelles dispositions de la Loi Pacte qui permettent une rétrocession d’une partie de la plus-value via un abondement au sein du PEE.