« Les entreprises qui s’approprient aujourd’hui la RSE seront les plus performantes à long terme »
Les normes RSE peuvent-elles être des leviers de croissance et de différenciation pour les acteurs de l’agroalimentaire ? Pour Jean-Manuel Lévêque, Président de Novepan, fabricant 100% français de pain premium dont le savoir-faire s’exporte à l’international, c’est une certitude. Il revient sur la démarche d’amélioration continue qu’il a inscrite dans l’ADN de son entreprise.
Comment les enjeux RSE se manifestent-ils dans le secteur de l’agroalimentaire, en particulier chez Novepan ?
Jean-Manuel Lévêque. Ces enjeux ont émergé il y a une dizaine d’années, poussés par la demande des consommateurs, et sont aujourd’hui devenus incontournables pour l’industrie. Un peu à la manière des normes ISO qui ont d’abord été adoptées à la marge avant de se généraliser : l’agroalimentaire est en train d’emprunter le même chemin.
À mon arrivée chez Novepan, en 2018, des initiatives avaient déjà été lancées, comme la démarche du clean label qui vise à retirer les additifs de nos produits. Mais l’ensemble manquait de structure. Avec Azulis, nous avions la même volonté de faire de Novepan une entreprise référente en matière de RSE, et nous avons donc axé la démarche autour de 3 piliers : le produit, pour garantir des produits sains, naturels et durables ; le social, par la sécurité et la qualité de vie au travail de nos collaborateurs ; et bien sûr l’environnement, à travers le sujet majeur de l’empreinte carbone.
Quels objectifs vous êtes-vous fixés, et quels résultats avez-vous obtenus ?
J.M. Lévêque. Azulis nous a fourni un outil de calcul de notre bilan GES* puis nous a laissés nous approprier la démarche. Nous avons effectué un premier bilan en 2018 puis un deuxième 2021, et le résultat parle de lui-même : alors que la production de Novepan a augmenté, avec l’acquisition d’un site supplémentaire, nos émissions de GES ont diminué.
Le prochain bilan est prévu pour 2023, et nous avons non seulement l’ambition de l’améliorer mais aussi de l’affiner, en tenant par exemple compte de l’origine des matières premières. C’est très important, dans la mesure où les deux tiers de notre impact proviennent de l’achat de produits alimentaires, typiquement la farine. La production bio est d’ores et déjà une activité phare pour nous, en particulier depuis 2019 et l’acquisition de notre filiale Bionatis. Mais nous avons aussi un engagement dans les Cultures Raisonnées Contrôlées, un label moins connu que le label rouge mais très important en termes de volume, puisqu’il représente 10 % du blé meunier français. Ce label est une garantie non seulement pour l’origine des produits, mais aussi pour le pouvoir d’achat des agriculteurs, un sujet essentiel. Chez Novepan, nous avons pleinement conscience d’être les maillons d’une chaîne inter-dépendante, qui commence dans le monde agricole, se poursuit avec la meunerie – nous – puis passe par la boulangerie pour arriver jusqu’aux consommateurs.
Se fixer des objectifs RSE peut donc être un levier de croissance ? Comment les mettre en place au sein de son entreprise ?
J.M. Lévêque. Absolument. On pense parfois – à tort – que les enjeux RSE sont des contraintes qui pèsent sur les entreprises. Je suis au contraire convaincu que celles qui se les approprient seront à terme les plus performantes, car la demande des consommateurs est là, et se fait de plus en plus pressante. S’engager en faveur de produits sains, avec un impact positif sur l’environnement et en tenant compte du bien-être de ses collaborateurs est non seulement un levier de croissance mais aussi de différenciation.
Il s’agit une préoccupation majeure pour nous, ainsi que pour Azulis, et cette convergence de vue a permis d’instaurer une démarche vertueuse de co-construction. Notre grand enjeu était de ne pas cantonner la RSE à des initiatives sporadiques, mais de se fixer des objectifs ambitieux et d’y engager toute l’entreprise. Le rôle du dirigeant est bien entendu moteur, mais en faire l’apanage de la direction serait un non-sens. Une fois que l’on arrive à convaincre les équipes de l’importance de la démarche, on est rattrapé voire surpassé par leur niveau d’initiative. Et cette marque d’un engagement véritablement citoyen est toujours une agréable surprise.
Quelles sont les prochaines étapes de la mise en œuvre de la politique RSE chez Novepan ?
J.M. Lévêque. Nous voyons la RSE comme une démarche continue, c’est pourquoi, plutôt que de parler de projet, qui a un début et une fin, nous parlons de démarche, qui démarre puis se poursuit. Azulis a été dès le départ un partenaire dans le lancement de cette politique, sous la forme de conseils et de recommandations, et la relation s’est approfondie au point que l’initiative des prochaines étapes vient aujourd’hui d’eux ou spontanément de nous. Nous avons les mêmes ambitions de pousser la RSE plus loin et c’est ce qui permet à notre collaboration de fonctionner.
Nous sommes ainsi sur le point de finaliser une réalisation qui s’inscrit dans notre pilier environnemental : équiper notre site de production de Gigean, dans l’Hérault, de panneaux photovoltaïques qui devraient nous permettre de devenir autosuffisants en énergie électrique. Ces panneaux seront installés à la fois sur la toiture du site et en ombrières, sur le parking du personnel, avec le double avantage de produire de l’électricité et de protéger les véhicules du soleil.
Un atout, pour une région qui n’en manque assurément pas !
* GES : gaz à effet de serre.