Décarbonation des PME : le capital-investissement comme accélérateur de transition
Les acteurs du capital-investissement disposent d’un levier unique pour accélérer la transition bas-carbone des PME et ETI françaises. Conscient de cette réalité, Azulis Capital a développé une méthodologie d’accompagnement concrète et pragmatique des entreprises de son portefeuille, alliant mesure d’impact, expertise technique et vision stratégique. Pierre Jourdain et Donatien Noyelle, Associés chez Azulis Capital, partagent ici leur conviction : la décarbonation représente aujourd’hui tout autant une nécessité écologique qu’un facteur déterminant pour la pérennité des entreprises.

Par Pierre Jourdain, Président du Directoire et Associé gérant et Donatien Noyelle, Secrétaire Général, Azulis Capital
L’urgence climatique appelle à une mobilisation sans précédent de tous les acteurs économiques. Dans ce contexte, les investisseurs ont un rôle stratégique à jouer, et c’est particulièrement vrai pour le capital-investissement : l’accompagnement opérationnel des entreprises peut servir de catalyseur pour accélérer leur transition écologique. Cette responsabilité s’inscrit dans une transformation profonde du secteur financier, où la performance extra-financière devient progressivement un critère de décision au même titre que la performance économique.
Mais comment traduire concrètement cette responsabilité en actions ? Chez Azulis Capital, nous avons structuré notre démarche autour de trois piliers complémentaires :
- Mesurer d’abord. Toute démarche de décarbonation commence par la réalisation d’un bilan carbone complet, incluant systématiquement les Scopes 1, 2 et 3. Cette première étape est essentielle pour identifier les axes prioritaires et éviter de disperser les efforts. Pour certaines de nos participations, nous avons pris en charge ces premiers diagnostics afin de les aider à franchir ce pas décisif.
- Accompagner ensuite. Nous avons sélectionné six entreprises de notre portefeuille présentant des enjeux significatifs et avons mis en place un programme d’accompagnement spécifique avec Blunomy, un cabinet d’ingénieurs experts de la décarbonation. L’objectif ? Identifier les chantiers prioritaires permettant d’obtenir des résultats concrets pendant la durée de notre investissement, généralement quatre à cinq ans.
- Valoriser enfin. Notre conviction est qu’une PME engagée dans une démarche structurée de décarbonation crée davantage de valeur, tant pour ses actionnaires que pour l’ensemble de ses parties prenantes. Cette création de valeur se manifeste par une meilleure résilience face aux risques climatiques, un avantage concurrentiel auprès des clients sensibles aux enjeux environnementaux, et in fine, une valorisation financière supérieure lors de la cession.
Point important : notre démarche est progressive et réaliste. Nous ne cherchons pas une réduction linéaire des émissions, car cela ne correspond pas à la réalité opérationnelle des entreprises. La clé est d’être sur la bonne trajectoire et d’ancrer durablement ces pratiques dans la culture de l’organisation. Nous ne limitons pas notre action aux « best-in-class » de l’environnement. L’expérience nous montre que c’est souvent auprès d’entreprises confrontées à des défis significatifs de décarbonation que notre impact peut être le plus fort, à condition qu’elles partagent nos convictions et s’engagent résolument. Pour renforcer cet élan collectif, nous organisons régulièrement des partages d’expériences entre nos participations sur des enjeux liés au climat et à la biodiversité. Ces moments d’échange créent un effet d’entraînement positif.
Malgré les incertitudes géopolitiques actuelles et le « backlash » écologique en cours, nous n’avons pas l’intention de dévier de notre feuille de route et nous encourageons nos entrepreneurs à maintenir le cap dans leurs objectifs de durabilité environnementale. Les enjeux climatiques demeurent, quelles que soient les alternances politiques. Prenons l’exemple de la Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD) : si son contenu et son calendrier d’application ont été notablement allégés et modifiés, les grandes entreprises restent pleinement soumises à ces obligations de reporting de durabilité. Elles vont maintenir leurs propres objectifs en matière de décarbonation ce qui, par ricochet, continuera d’impacter tous les acteurs de leur chaîne de valeur, et donc leurs fournisseurs PME et « petites » ETI. Une entreprise qui aurait revu à la baisse ses ambitions en matière de décarbonation, au motif qu’elle ne serait finalement pas concernée par la CSRD, se retrouverait rapidement désavantagée dans ses relations commerciales avec ses donneurs d’ordre.
En combinant vision de long terme et actions concrètes, le capital-investissement peut être un puissant accélérateur de la transition climatique. C’est cette conviction qui guide, plus que jamais, notre action quotidienne chez Azulis Capital.